Bien, elle l'avait décroché ce boulot, et c'est joyeusement qu'elle se prépara pour jouer à l'hôtesse d'accueil. Tandis qu'elle se dirigeait vers le hall d'entrée où Dame Alienor lui avait montré son bureau, non loin de la porte d'entrée, elle faisait les dernières recommandations à son perroquet. Elle l'avait sorti de sa cage, l'avait posé sur un perchoir et elle le sermonnait vivement:
- Il est hors de question que tu prennes la parole pour un oui ou pour un non! Tu oublies ton langage olé olé! Ici on est dans un endroit très convenable...
En guise de réponse, le volatile lança, en roulant bien les "R"
- CRRRRRRRRROOOOOTTEEEEE!
Elle soupira, c'était loin d'être gagné. Pour autant, elle était liée à cet oiseau et décida qu'elle réussirait à l'éduquer. Un bruit de heurtoir à la porte l'empêcha de poursuivre la conversation, elle se contenta de poser le perchoir à côté du bureau et de faire les gros yeux. En retour, l'oiseau se mit à lisser ses plumes avec son bec, lui tournant le dos. Elle bougonna, tout en allant ouvrir:
- Tu perds rien pour attendre...sale bête!
Arrivée devant la porte, elle se confectionna un sourire de circonstance, et ouvrit:
Devant elle se trouvait un fort bel homme, qu'elle détailla du regard de haut en bas, puis, elle dit:
- Le bonjour, Messire, c'est à quel sujet?
Elle fit la moue en se rendant compte de la brutalité de sa question. Elle se reprit, en minaudant comme elle avait vu faire les femmes de la haute:
- Que puisa-je faire pour vous?
Dame Tartine n'avait point fait d'études, aussi manipulait-elle le verbe et les mots à sa convenance, puisant dans les conversations entendues ici et là, prenant des mots par-ci par-là, les arrangeant à sa sauce et celle-ci pouvait être fort originale, n'hésitant pas au besoin à en inventer. L'essentiel pour elle était que ça sonne bien à son oreille.
Sans se départir de son sourire et pour appuyer sa question, elle ajouta, interrogatrice:
- Voui?